Comité de normalisation du football sénégalais : La foire aux conflits d’intérêts

Publié le par guissguiss

Comité de normalisation du football sénégalais : La foire aux conflits d’intérêts
La présence du Ccpc né d’une crise avec la défunte fédération sénégalaise de football, de Saer Seck de l’Institut Diambar qui lutte contre les « secondes naissances » des joueurs sénégalais, de Cheikh Tidiane Mbaye (Sonatel), sponsor officiel du Onze national et/ou encore de Amadou Kane du mouvement navétane ouvre la boîte de pandores sur d’éventuels conflits d’intérêts. Chargés de normaliser le football sénégalais, ils pourraient se retrouver dans une inconfortable position de juge et de partie.

Le Comité de normalisation du football mis en place après la déroute du dernier championnat d’Afrique peut être victime de sa propre composition. En efffet, le choix des hommes qui composent le comité laisse entrevoir des inquiétudes qui peuvent s’avérer déterminantes dans les conflits à venir. En choisissant Diagna Diagne pour diriger la structure « salvatrice » de notre football, les pouvoirs publics ont, sans doute, eu à l’idée la posture à la tête de la mère des fédérations (CNOSS). Une posture qui se justifiait du reste. Par contre, la présence d’opérateurs du secteur dans la gestion au quotidien des affaires relatives au football sénégalais peut gêner. Le football étant devenu une entreprise génératrice de gros revenus, l’impartialité des acteurs qui le dirigent a son pesant d’or sur les décisions à rendre.

Cheikh Tidiane Mbaye : Orange

Autour du football, c’est une question de gros sous. Et, jusqu’à preuve du contraire, c’est encore Orange qui est le sponsor leader de l’équipe nationale de football. Or, dans le Comité de normalisation, le responsable des relations extérieures et du rayonnement international n’est personne d’autre que Cheikh Tidiane Mbaye patron de la Sonatel. Dans le secteur où évolue cette entreprise, d’autres opérateurs sont en lice et interviennent également dans le sport. Tigo est aujourd’hui dans la lutte et pourrait être intéressé par le plateau visuel qu’offre l’image de l’équipe nationale. Sudatel qui va bientôt implanter ses quartiers pourrait avoir des ambitions légitimes de compagnonnage avec les “Lions”. Toutefois, qu’adviendra-t-il à la fin du contrat de sponsoring qui lie Orange au football sénégalais ? En termes de régulation du marché de la publicité, les données sont déjà faussées par la seule présence du directeur général de Orange dans le CNF. Ce dernier, à un moment déterminé, peut basculer du côté de la boîte qu’il gère pour sauvegarder les acquis, en termes de sponsoring. Les termes de la concurrence loyale ne sont-ils pas biaisés ? L’opérateur devient arbitre et acquéreur pour ne pas dire juge et partie.

Saer Seck : Institut Diambars

Autre incompatibilité à noter, la présence de Saer Seck un responsable de centre de formation pourvoyeur de matière première pour les grands clubs de football à travers le monde. La dérégulation de l’industrie de main-d’œuvre comme le football et la libéralisation du marché des joueurs à partir de 1995 favorise les transferts internationaux de joueurs de talent du Tiers Monde. Et pour assurer leur sécurité et l’équilibre du secteur, l’Etat, par le principe de la délégation de pouvoir, responsabilise la structure en charge de la gestion du football. Cette structure à pour mission entre autres de délivrer les lettres de sortie aux footballeurs sur le marché de l’emploi. Or, au Sénégal, en ce moment, ce rôle est dévolu au CNF dont le vice-président est par ailleurs un haut responsable d’un centre de formation très performant dans la formation et le placement futur de jeunes footballeurs. N’est-ce pas là une autre source de conflit de compétence quand le responsable aura à se prononcer sur une décision de transfert intéressant son centre. Par ailleurs, on sait également qu’une sélection nationale joue en faveur du joueur sur le marché. Sa valeur marchande peut gonfler. Sans vouloir dénoncer le nombre important de produits de Diambar en sélections jeunes, on peut être tenté de croire que cette coïncidence est provoquée. A sa décharge, admettons que l’équipe nationale doit être l’émanation des compétences. Les meilleurs joueurs du moment y ont leur place fussent-ils tous produits d’une même entité. Pourvu seulement que le retard apporté à l’organisation de compétitions nationales jeunes ne soient pas un frein pour la promotion d’autres jeunes sénégalais issus d’autres centres et d’autres clubs à travers le pays. Le principe d’égalité et l’équilibre dans la redistribution des avantages doivent être le fondement de la marche républicaine du pays. En outre, Saër Seck a toujours dénoncé les secondes naissances de nos joueurs qui empruntent pour la plupart de nouvelles identités pour se donner plus de chance de décrocher des contrats professionnels. Quelle sera sa position avec certains membres du Ccpc adeptes de cette pratique constituant pour eux la poule aux œufs d’or ? Des conflits en perspectives ! Leur qualité de manager n’est plus à démontrer dans leur secteur d’activité. Mais le contexte actuel de notre football ne se prête plus aux conflits qui gripperaient pour longtemps cette discipline.

Amadou Kane : Mouvement navétane

Enfin, on peut noter aussi la présence du mouvement navétane dans le Cnf avec Amadou Kane qui est le responsable de l’organisation, de la mobilisation et de l’animation. Le président de l’Orcav de Dakar a presque phagocyté le 12e gaindé préférant mettre sur place une cellule avec les gens issus du mouvement navétane. Que dire du Cccp qui a longtemps combattu la Fsf ? En tout cas le Cnf ne devrait durer au pouvoir que pendant un an ; mais déjà certains voudraient, volontiers, qu’il dure une éternité. Dans quel dessein ? That is the question !

Massène DIOP 

Publié dans Sports

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