Bilan politique de l’année 2008: Les temps forts et les hommes

Publié le par guissguiss

L’identification, le grand coup de l’année
L’année 2008, au plan national, aura été incontestablement marquée par l’identification des populations. Lorsque le Premier ministre Guillaume Soro avait annoncé le lancement de l’opération pour la mi-septembre, beaucoup d’Ivoiriens n’y croyaient pas. Tellement ce projet suscite des passions dans notre pays. Surtout dans le camp présidentiel qui voit en l’identification, un moyen détourné de l’opposition armée comme non armée, de distribuer à tour de bras, la nationalité à « des non Ivoiriens ». Pour empêcher ou retarder cette phase importante du processus électoral, le Front populaire ivoirien et ses satellites assujettissaient sa mise en œuvre au désarmement total de l’ex-rébellion. On se souvient, sous les Premiers ministres Seydou Elimane Diarra et Charles Konan Banny, comment la question avait pourri la vie et bloqué le processus de sortie de crise. Le médiateur de l’Union africaine , le président Denis Sassou N’Guesso du Congo, en avril 2006, malgré une semaine de corps à corps avec toute la classe politique nationale, n’avait pas réussi à dénouer ce nœud gordien de la crise ivoirienne. Pire, il a même été humilié par le président Laurent Gbagbo qui avait refusé de venir à sa dernière convocation pour la signature des points de compromis qui avaient été trouvés au dernier étage de la tour de l’Hôtel Ivoire. Le Premier ministre Charles Konan Banny, à son avènement, le 4 décembre 2005, pensait pouvoir régler l’épineuse question en introduisant dans le débat, la notion de concomitance. Autrement dit, faire l’identification et le désarmement en même temps. Mais sans succès. Il s’est heurté à l’intransigeance du parti au pouvoir qui tenait absolument au désarmement avant toute chose. Le président du FPI, Pascal Affi N’Guessan, a lancé un mot d’ordre de boycott actif par tous les moyens, des audiences foraines en juillet 2006. Un appel lourd de conséquences qui a occasionné la mort de 12 personnes et fait plusieurs dizaines de blessés. Notamment à Divo, Grand-Bassam et à Abengourou. Il a fallu la paix des braves à l’initiative du leader des jeunes patriotes, Charles Blé Goudé, le 26 juillet pour mettre fin à l’escalade. Même le mode opératoire concocté par les services du Premier ministre Banny n’a pas pu calmer les ardeurs des activistes du camp présidentiel. Alors que ce mode opératoire n’était qu’une compilation des exigences de Pascal Affi N’Guessan et ses camarades. Ce malaise politique s’est aggravé avec l’affaire des déchets toxiques. Les slops du Probo Koala ont été déversés le 19 août 2006, à plusieurs endroits de la ville d’Abidjan. Le bilan est lourd. Plus de 10 morts et de milliers d’hospitalisés. La commission d’enquête présidée par le juge Fatou Diakité met en cause le directeur du Port autonome d’Abidjan, le gouverneur du District d’Abidjan, le directeur général des Douanes et le ministre des Transports. Les trois premiers cités sont des proches du président Laurent Gbagbo Le Premier ministre donne sa démission au chef de l’Etat qui l’accepte. Et lui demande de constituer un autre gouvernement. Dans ce gouvernement, les ministres plus ou moins impliqués dans le scandale ne sont pas reconduits. Il prend des mesures conservatoires contre les directeurs généraux du Port, des Douanes et le gouverneur du District d’Abidjan. Mais ces derniers quelques semaines après contre toute attente sont réintégrés dans leurs fonctions. C’est dans ce contexte sulfureux qu’intervient le dialogue direct, en dépit de l’adoption de la résolution 1721 de l’ONU par le Conseil de sécurité le 1er novembre 2006. Un dialogue direct entre les ex-belligérants qui aboutit à la signature de l’accord politique de Ouagadougou, le 4 mars 2007. La question qui fâche a été scindée en volets militaire et civil. Malgré quelques soubresauts, force est de reconnaître que les choses avancent dans le bon sens. Même si ce n’est pas au rythme que souhaitent la majorité des Ivoiriens. Aujourd’hui, après la tenue des audiences foraines, la phase d’identification générale des populations qui paraissaient comme une vue de l’esprit, est devenue une réalité. Le Premier ministre, Guillaume Soro, qui avait promis à ses hommes d’échanger « leurs fusils contre une carte d’identité », est en train de gagner son pari. Car l’identification qui est la dernière droite ligne avant les élections, reste de loin, le plus grand coup politique de l’année 2008.
Jean-Claude Coulibaly

Publié dans Afrique

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article