Aperçu sur la vie mystique de Mame Abdou (suite)

Publié le par guissguiss

Mame Abdou: la Grandeur d’âme!

Il fut un homme de Dieu, un homme de foi, un homme de croyance. Dépositaire d’une érudition et d’une exégèse saine et sainte, incarnation d’une bonté et d’une probité sans faille, garant du droit et de la droiture morale. Bref Mame Abdou fut une source de vérité et de grandeur d’âme exceptionnelle. Dieu, le prophète (PSL), le coran fut ses termes de références. Autant de valeurs et de qualités que la mort ne peut détruire. Donc onze ans après son rappel à Dieu, l’heure est au recueillement, à la prière mais surtout à la réminiscence pour valoriser, magnifier et enseigner les bienfaits de cet illustre marabout.

En 1957 lorsqu’il prenait les rênes de la Tijjaniya, un grand point d’histoire venait d’être maqué dans les annales du califat. Il inscrivit d’abord celui-ci sous le sceau de la continuité, continuité dans la pérennisation de l’œuvre de son père El hadji Malick Sy avant d’y marquer ses empreintes. Son implication dans le débat politique et du dialogue islamo-chrétien connut un franc succès auprès des acteurs politiques religieux et simple citoyens. Il joua un rôle de régulateur social, de médiateur politique, bref de facilitateur et de conciliateur entre les différentes composantes sociales.
Il fut aussi un restaurateur de l’ordre divin.
En définitif Mame Abdou fut un repère historique, un monument religieux pour toute la UMMA Islamique.

DABAKH onze ans aprés

Mame Abdou était à la hauteur de sa mission. Sa bonté, sa droiture, son courage et son savoir l’ont révélé au monde ! À force de le voir, la force de son humilité a fini par écraser ma vanité d’adolescent qui prenait le futile pour l’utile. Je n’ai de cesse admiré la crainte pieuse de Dieu qui lui a pénétré profondément le cœur sans laisser à Satan la plus petite fêlure par laquelle il pouvait s’incruster pour commettre ses ravages habituels. Sa sérénité m’a toujours apaisé l’esprit face aux innombrables aléas de l’existence. Sa voix résonne encore dans mes oreilles et me rappelle ses vérités qui mettaient le Sénégal d’accord. Cette voix qui dépouillait des cœurs la haine, l’avarice et les défectuosités similaires ne s’élevait que pour préserver des mauvais penchants, inciter à rester sur le droit chemin et empêcher d’en dévier. L’organisation de la vie du rassembleur était fondée sur les bases du bien.

Face aux assouvis que l’argent et le pouvoir convertissaient en demi-dieux ponctionnant sans scrupules les hautes valeurs morales auxquelles il tenait tant, la résignation ou l’impuissance étaient pour Mame Abdou moralement inacceptables. La place de la prière dans sa vie était centrale, il n’en déployait pas moins une impressionnante énergie spirituelle et communicative pour combattre le mal, quelle que soit la stature de son propagateur. L’incorruptible Dabaax dont chaque acte posé avait valeur de sermon religieux était le refuge des démunis que les nantis réduisaient cyniquement en épluchures. Dabaax le courtois, le doux au langage véridique, le symbole du rapprochement des cœurs traitait les symptômes des brouilles sociales et les dénouait lorsqu’elles survenaient sans préavis, transformait les ennemis en frères et sortait toujours de l’abîme le visiteur dont la vie était sabrée par l’indigence ; il rendait à la foi toute sa raison d’être.

Aujourd’hui, le Sénégal est encore dépressif. Les menaces de mort succèdent aux menaces de mort, les agressions succèdent aux agressions, satisfaire son ventre est devenu un sport de combat, le mensonge est tristement rentable, on se tire dans les pattes rien que pour des intérêts de boutique, l’argent est aussi rare que l’eau du Sahara et les explications ravissent la vedette aux solutions. L’année 2008 ressemble à un long jour sans soleil, les esprits s’affolent du fait des inondations à répétition et de la grave crise de l’alimentation amplifiées par le comportement délibérément arrogant et intimidant de pieds-plats à qui on fait des honneurs extrêmes qu’ils voient croître tous les jours lors même qu’ils transforment notre pays en un gouffre où seuls les vices triomphent. L’intolérance a la peau dure. Adieu « le Sénégal pays de dialogue » ! Sommes-nous toujours un même peuple poursuivant un même but ? La foi trouve-t-elle toujours preneurs chez le plus grand nombre ?

En ce 14 septembre 2008 qui marque le onzième anniversaire du rappel à Dieu de Mame Abdou Aziz Sy Dabaax, son message nous interpelle encore et nous commande de bannir l’injustice, l’ignorance, le mensonge, la violence et les coups tordus pour réhabiliter la c rainte de Dieu, la vérité, la tolérance, le sens du partage et l’amour du prochain.

Mame Abdou et les chrétiens

Entre Mame Abdou et les chrétiens du Sénégal, c’était un parfait mariage de paix, d’amour et de respect. Le seul exemple témoignant de cette bonne entente, c’était son amitié avec le défunt Cardinal Yacynthe Thiandoum, chef de l’Eglise sénégalaise rappelé à Dieu en 2004.

Leur amitié n’était pas une amitié de façade ou circonstancielle. C’était une amitié réelle et sincère. A chaque Maouloud, le cardinal envoyait une délégation à Tivaouane pour lui transmettre ses salutations, ses félicitations et ses remerciements au Calife. Celui-ci en faisait pareil à chaque grande messe chrétienne telle la pentecôte que les catholiques célèbrent à Popenguine. Qui a fait mieux que Mame Abdou sur ce qu’on appelle le « dialogue islamo chrétien » que le Sénégal se vante et se targue d’être la vitrine en Afrique et dans le monde. Franchement, en toute honnêteté et sincérité, c’est Mame Abdou qui a été l’élément accélérateur même de ce dialogue islamo chrétien au Sénégal. De son vivant, Mame Abdou a tout fait pour que musulmans et chrétiens cohabitent en paix en amour et en tolérance. De ce fait on comprend l’amour et le respect profond que les chrétiens vouaient à cet homme. Tous ils disaient la même chose :

«c’était un homme de Dieu, un homme sincère et respectueux, ».

Il est vrai que les deux chefs religieux ne partageaient pas la même religion, mais ils avaient en commun : la foi en Dieu. Ils avaient aussi le même combat : faire du Sénégal un pays de droit et de foi. Yacynthe Thiandoum comme Mame Abdou n’avait cessé de décrier les travers de la

société sénégalaise. En politique, ils faisaient pareil, ils appelaient les leaders politiques en un esprit de dépassement, d’ouverture et de dialogue.

Sa Disparition


.A l’instar des grands hommes de l’Islam, Mame Abdou fit sentir sa mort venir fut gagné par la tristesse et la désolation (non pas par sa futur mort, parce que lui n’avait pas peur de la grande faucheuse il en était préparé) parce que c’est la rupture éternelle avec son peuple, le peuple qu’il a tant chéri, aimé, défendu, protégé. Non il partira pas brutalement. Et comme un message d’adieu il s’adressa à ce peuple à l’aide d’une casette audio, par l’intermédiaire de Pape Makhtar Kébé, sous le titre : « Les derniers recommandations d’Elhaji Abdoul AZIZ SY ».

Dans cette cassette audio Mame Abdou s’en est vivement pris aux nouveaux maux qui gangrènent la société sénégalaise à savoir l’homosexualité, la sodomie etc. qui sont devenu de nouvelles pratiques de relations sexuelles que les jeunes et certains couples mêmes mariés adoptent en toute quiétude et en tout plaisir. Pourtant la sodomie est une mode récente dans notre société et Mame Abdou en a parlé longtemps. Voilà l’aspect visionnaire de Mame Abdou. Il s’en est vivement pris aussi à ceux qui dénigrent l’Islam et les chefs religieux. Toujours dans cette cassette, il appelle au retour vers DIEU, à l’union des cœurs, bref au respect strict de la religion musulmane. Voilà le discours d’adieu de Mame Abdou avec les fidèles avant qu’il ne rende l’âme le 14 septembre 1997. « A Dieu nous appartenons et à Lui nous retournons » Mame Abdou connaissait par cœur et par esprit cette leçon c’est pourquoi il n’avait pas peur de la mort. Que paix soit sur notre Mame


Mame Abdou, la légende vivante !

Homme de Dieu, homme de foi ; homme de valeur, homme de cœur. Les qualificatifs ne manquent pas pour magnifier la présence affective, religieuse, spirituelle et sociale de cet homme sur terre. Autant de qualité et de valeur que la mort ne pourra jamais gommer. Donc aujourd’hui, après dix ans (14 septembre1997-14 septembre 2006) d’absence parmi nous, la réminiscence à cette figure emblématique de l’Islam s’impose.

Pour les uns c’était leur guide, leur Calife pour les autres leur référence, leur adoré, et pour tout le monde c’était leur Mame (papi). Mame comme l’était Mame Abdou devient rare. De par sa sagesse, son savoir, sa piété, se greffe une bonté démesurée et sans faille, d’ailleurs c’est à cause de cette valeur cardinale qu’il fut appelé communément sous le vocable de « Dabakh » (le généreux) En 1957, Serigne Ababacar SY le Calife des TIJJANES est rappelé à Dieu. Il sera succédé par son petit frère Abdoul Aziz Sy appelé communément et agréablement « DABAKH » (le généreux.). Il inscrit son califat dans la continuité, continuité dans les actes et dans les pratiques. En d’autres termes, il fera le djihad « Al nafsi » son credo. Faire du bien, recommander du bien et s’éloigner du mal tel étaient les mots récurrents et clés de son discours. L’innovation majeure du Califat de MAME ABDOU fut son implication dans le débat politique, pas pour briguer un mandat électoral mais pour jouer un rôle de régulateur, de médiateur, de facilitateur et de conciliateur entre les différents acteurs politiques. C’est ce qui explique ses breuses interventions en privé comme en public pour réconcilier l’ancien président sénégalais Abdou Diouf et son challenger d’époque Me Abdoulaye Wade actuel Président du Sénégal. Il en faisait pareil avec les syndicats. A chaque fois que ceux-ci étaient en bras de fer avec l’Etat, il intervenait pour apaiser la situation sociale et de proposer une résolution à la situation. L’exemple le plus illustrant fut le plan Sakho -Loum, une mesure d’austérité économique que le gouvernement de DIOUF avait prise. Ces mesures furent contestées et rejetées en bloc par les syndicats et les partis d’opposition. Ces derniers en compagnie avec les premiers étaient prêts à tout, mais le Vieux Mame Abdou avait appelé à l’esprit de dépassement et à la raison. Le climat social était délétère et le chaos n’était pas loin, mais grâce à un de ses discours radiodiffusé par la RTS, le pire fut évité. Mame Abdou s’est aussi distingué lors des évènements malheureux entre le Sénégal et la Mauritanie de 1989. Il a joué un rôle décisif dans la carte de l’apaisement. Par le biais de la presse écrite et audiovisuelle, Il exhorta aux sénégalais de ne pas répondre aux boucheries, aux tueries et aux barbaries des mauritaniens. De surcroît il recommanda le président Abdou Diouf d’user l’arme du dialogue et de la diplomatie comme moyen de sortie de crise. Son discours fut entendu, la guerre fut évitée. Mame Abdou, élevait aussi sa voix lorsque les principes religieux, les règles morales et de bonne conduite sociale furent bafouées. IL était mécontent et le faisait entendre en haute et intelligible voix à L’Etat, aux acteurs politiques et aux citoyens. Il se servait de la religion pour convaincre et régler les différents problèmes. Il avait l’art de convaincre, de persuader et de dissuader son interlocuteur. Il avait un discours sincère et rigoureux. Mame Abdou fut aussi un élément accélérateur du « dialogue islamo- chrétien » dont aujourd’hui notre pays se targue d’être le meilleur exemple du monde. Il était ami intime, du chef de l’Eglise chrétienne sénégalaise, (religion largement minoritaire) le défunt Monseigneur Cardinal Yacinthe Thiamdoum. Ils avaient de relations sincères, cordiales, amicales et fraternelles. Comme vous le voyez le Califat de Mame Abdou fut un repère historique dans la vie religieuse politique et sociales sénégalaise.

Mame Abdou Aziz SY DABAKH, dix ans aprés

Sentinelle au service exclusif d’Allah et du Prophète Muhammad (Saws), Mame Abdou Aziz SY a toute sa vie durant enlacé de tous ses bras les valeurs morales qui organisent la vie des hommes de bien, les protégeant contre toute menace d’érosion. Pour rappel, Mame Abdou s’était rendu personnellement au Palais de la République un soir, pour solliciter l’implication du Président DIOUF dans sa croisade contre la Lambada, cette danse qui commençait à induire des comportements impudiques conduisant les jeunes tout droit vers l’appauvrissement moral. Dix ans après qu’il soit ravi à notre affection, il se dit et se fait encore de manière ostentatoire un nombre impressionnant de choses qui auraient commandé ses réprimandes, ses prières et même ses larmes. Aujourd’hui, mentir pour s’enrichir est accepté du plus grand nombre. Et dans ce registre, des entreprises de la place ravissent la vedette aux charlatans de métier en diffusant librement à travers les chaînes de télévision et les radios, de la publicité manifestement mensongère dans le seul but de garnir leurs comptes bancaires. Elles mettent en place des serveurs qui font de la voyance à distance en recommandant aux crédules à la recherche de solutions aisées à apposer aux aléas de la vie, des sacrifices pour conjurer le mauvais sort, faciliter la réussite, trouver le partenaire idéal etc. Ceux qui se font prendre dans cette nouvelle forme d’escroquerie ne se rendent guère compte que les sms envoyés et les coups de fil passés aux serveurs exploiteurs de misère sont toujours surfacturés et constituent une manne financière énorme qui ne sert qu’aux seuls distributeurs de solutions virtuelles à leurs problèmes réels.

Guidé dans toutes ses démarches par le Créateur Suprême, Mame Dabaax qui ne cessait de Le louer et d’implorer son pardon en faveur de tous, s’insurgerait sans aucun doute contre la banalisation de ce type d’action moralement grave car, l’économie que commande l’Islam doit prendre en considération l’intérêt de l’individu et de tout le groupe mais pas seulement celui du plus rusé ou du plus fort. Il irait à coup sûr à la rencontre des candidats à l’immigration clandestine partout ils se trouvent pour les dissuader, s’adresserait aussi comme il savait si bien le faire aux gouvernants pour leur rappeler leurs devoirs vis-à-vis de ces desperados qui se laissent tristement faucher par la mort en plein océan. Mame Abdou le rassembleur, Mame Dabaax dont les bonnes paroles s’accompagnaient toujours de nobles actions, notre regretté lumière qui malgré le poids de l’âge parcourait l’ensemble des régions du pays pour verser de l’eau sur toutes les braises sociales, réussirait à renouer le fil du dialogue entre le pouvoir et l’opposition parce qu’il en ferait un de ses plus grands chantiers. La fin poursuivie par Mame Abdou Aziz SY Dabaax a toujours été d’amener les uns et les autres à promouvoir la négociation coopérative qui favorise la fusion des cœurs et par conséquent, permet à toute la communauté des hommes de maintenir le cap vers la paix perpétuelle.

Publié dans Société

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